Par MANTOVANI BRUNO. L'enterrement de Mozart, un jeu !
Telle est la mésaventure d'un homme qui, passant rue de Lille à Paris, aperçoit dans une vitrine la gravure de ses rêves, L'enterrement de Mozart : après être entré dans la boutique, il est contraint d'entendre divaguer le vieillard qui possède l'image et l'exhibe pour attirer dans son antre des inconnus auxquels il raconte la disparition d'Aristide, un chien philosophe qui lui tint longtemps compagnie. Dans cette mésaventure vécue, j'aimais les artifices du faux se mêlant au vraisemblable. Mozart n'eut pas d'enterrement, il fut jeté à la fosse commune, la gravure est connue sous le titre Le convoi du pauvre, et c'est Beethoven qui l'aurait baptisée L'enterrement de Mozart.
Quant à Aristide, le cabot philosophe, il est manifestement inspiré par le souvenir de Medji, le chien de Sophie, dans Le journal d'un fou de Gogol que j'ai porté jadis à la scène. J'ai donc vu là une métaphore de notre époque où, par images et clameurs, de multiples impostures et injonctions envahissent notre imaginaire. Et je songeais à en faire une dramatique pour la radio quand une revue me demanda une nouvelle pour un recueil collectif.
De L'enterrement de Mozart je fis un conte baroque. Et c'est à ce conte que je revins quand Bruno Mantovani et Roland Hayrabedian pour Musicatreize me demandèrent si j'avais un sujet à leur proposer. J'ai longuement écouté la musique de Bruno où la voix humaine se mêle malicieusement à celles des instruments, et j'avais l'impression de palper les étoffes qui habilleraient les mots que je disposerais dans un nouveau texte. J'ai donc récrit le conte baroque en le métamorphosant par un dialogue multiple, syncopé, parfois même bouffon, dont Bruno Mantovani pourrait se servir comme de séquences ou syntagmes sonores dans le jeu acrobatique des voix et des instruments.
Hubert Nyssen
Très peu de temps après avoir fini mon opéra L'autre côté, créé en septembre 2006 à Strasbourg, j'ai ressenti le besoin de retourner à un travail pour la scène dans une dimension plus intimiste que pour ce premier projet dramatique, et surtout dans un registre plus léger. La proposition de Roland Hayrabedian de participer au cycle des 'sept contes' est tombée à point nommé.
Avec un effectif vocal restreint (5 voix, dont 2 assignées à des personnages mis en scène et 3 à un 'choeur antique' commentant l'action) et une instrumentation faisant la part belle aux cordes (pincées, frappées, frottées), j'ai tenté de jouer sur une perpétuelle animation inspirée par le compositeur italien Domenico Cimarosa. Le 'conte baroque' écrit par Hubert Nyssen utilise la parodie, la référence, ce que j'ai souligné dans cette partition de 40 minutes aux tempi frénétiques, en fondant une partie du discours sur des 'basses d'Alberti' contrariées. Car le personnage principal de ce conte, absent de la scène, est Mozart, dont on évoque le cortège funéraire à partir d'une gravure qui sera le déclencheur d'une scène où l'absurde et le quiproquo sont permanents.
Bruno Mantovani / contemporain / Répertoire / 5 Voix et Ensemble
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