Par COMBIER JEROME. Gris Cendre prend appui sur le texte de Samuel Beckett intitulé Lessness et que Ludovic Janvier en accord avec l'écrivain a traduit par le mot 'Sans'.
Lessness. Il n'y eut d'autre traduction trouvée par lui à ce mot forgé par lui en anglais que cet autre mot simple qui ne retient que le retranchement - Sans.
Lessness est description, 'tentative d'épuisement' d'un lieu où toute personne est absente sauf par sept fois ce 'il', petit corps seul debout coeur battant, dont les actes - maudire, faire, revivre - sont les prémices à l'occupation de ce lieu. 'Lieu vide en attente des corps, de la langue, des événements'... Lieu de l'être que le philosophe finit par nommer Noir gris, qui dit 'l'être dans sa localisation vide de tout événement'. 'Un noir assez gris pour qu'il ne soit pas en contradiction avec la lumière, un noir qui n'est l'opposé de rien, un noir anti-dialectique.'
Il m'est apparut à force de lire, relire ce petit texte, que les mots étaient organisés, que les phrases dessinaient une structure - perceptible - qu'il me plu de me ressaisir dans ma manière d'entendre la musique. J'osais imaginer que cette démarche m'engagerait à entendre une forme musicale étrange dont je serais peut-être le premier déconcerté. Mon rapport à ce petit texte se situe à cet endroit.
Gris cendre rejoint le travail que j'ai commencé avec Noir azur - Cette fois - puis avec Noir gris - Impromptu d'Ohio.
'Ciel gris sans nuage pas un bruit rien qui bouge terre sable gris cendre. Petit corps même gris que la terre et le ciel les ruines seul debout. Gris cendre à la ronde terre ciel confondus lointains sans fin.'
Samuel Beckett, Sans, éditions de Minuit, Paris 1969 / contemporain / Répertoire / Grand Orchestre
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