Création
20/07/2016 - Paris, Archives nationales, Festival Jeunes Talents - Marie-Laure Garnier (soprano), Anna Besson (flûte), Augustin Gorisse (cor anglais), Louise Lapierre (basson), Guillaume Sigier (piano)
Commanditaire
Festival Jeunes Talents 2016
Notice
Textes de Charles Baudelaire (in Les Fleurs du mal)
A une époque où foisonnent de nombreuses et pourtant si diverses esthétiques musicales, aucune direction ne semble réellement s'imposer. Si l'on associe au XXème siècle une période de bouleversements idéologiques, on l'associe également avec des phénomènes de ruptures. Pourtant, Henri Dutilleux, traverse ce siècle avec une grande sérénité. Sans jamais dévier du chemin unique qu'il se trace, il enchaîne les compositions à la fois sublimes et personnelles...
Ses univers poétiques - dont je me sens très proche - se renouvellent sans cesse : nocturnes (La Nuit Etoilée, Ainsi la Nuit, l'Arbre des Songes...), rituels (Incantatoire et Obsessionnel dans ses Métaboles), ou encore son travail sur la lumière (ses magnifiques Shadows of Time). Sa conception coloriste de l'harmonie et la liberté avec il l'emploie, son orchestre foisonnant, ces nappes vibrantes, ce travail si riche sur le timbre et l'espace ou encore ce lyrisme intense mais toujours contenu, participent à l'élaboration d'un langage profondément personnel et prégnant qui traverse l'intégralité de son oeuvre.
La vraie leçon de Dutilleux pour les jeunes compositeurs, c'est - comme Debussy avant lui, ou Thierry Escaich aujourd'hui - la singularité. Ce qui me fascine littéralement chez Henri Dutilleux, c'est la façon dont il s'approprie un héritage musical fort, à la fois par sa sensibilité et au moyen d'un artisanat méticuleux. Et si Dutilleux est un compositeur singulier, il s'agit d'une singularité intemporelle.
Lui rendre hommage est à la fois un honneur, un plaisir immense, mais également l'occasion de rendre hommage à la voie qu'il a ouverte et à l'exemple qu'il représente pour nous aujourd'hui - hommage que je suis ravie de partager avec quatre autres compositeurs.
C'est tout naturellement que je me suis tournée vers la littérature de Charles Baudelaire, correspondant à la fois mon univers et à celui onirique d'Henri Dutilleux.
Mes sonnets sont écrits pour quintette (soprano, flûte alto, cor anglais, basson et piano). La formation instrumentale imposant la famille des bois m'a orientée vers la nature avec La Géante. La Cloche fêlée m'inspirait par son sens et Le Flambeau vivant par son caractère incantatoire.
Les sonnets expriment des visions différentes : la première plutôt fantastique - celle d'une géante magnifique dans la Nature ; la seconde mystique et processionnelle ; et enfin, le spleen intérieur par la métaphore d'une cloche ébréchée. Cependant, je les ai conçus de la même manière : tous trois travaillent ainsi le phénomène de nappes sonores vibrantes et entêtantes. Cela confère à l'ensemble son côté hypnotique, sensation intense que je retrouve à la lecture des sonnets baudelairiens, comme à celle de la musique de Dutilleux.
Camille Pépin (mai 2016) / Partitions classique / Ensemble et orchestre / Conducteur / JOBERT
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