Une de mes premières pièces pour orchestre s'intitulait Altitude 8000. J'avais eu, alors, l'occasion de survoler les Alpes un matin d'hiver, entre Paris et Nice, et j'avais été fasciné par le spectacle des montagnes enneigées, rosies par le soleil matinal. Le mouvement lisse de l'avion contrastait avec les sommets tourmentés et déchiquetés. Toutes ces sensations devinrent les textures musicales d'Altitude 8000 (8000 se référait bien sûr à l'altitude de vol de l'avion). Cette pièce était la pièce un peu maladroite d'un étudiant en composition musicale... mais j’ai aimé revenir sur ce sujet, et essayer de célébrer à nouveau la vision des glaciers et neiges éternelles.
Hélas, depuis l'époque où Altitude 8000 fut écrite, neiges et glaciers ont commencé à fondre... Je pense par exemple au glacier de La Meije (que Messiaen aimait tant, et que j'ai souvent contemplé) : il a régressé de plusieurs centaines de mètres, on voit encore son ancienne trace parmi les rochers.
Mais où sont les neiges d’antan ? s’interroge François Villon au XVème siècle, dans un vers devenu célèbre et souvent répété, utilisé de maintes façons. La question de Villon était rhétorique, mais on peut l’interpréter aujourd’hui de manière très littérale... où sont donc en effet les neiges d’antan ?
Les images sonores de la pièce : grands espaces, tintements de la transhumance (grâce à l’analyse spectrale des tintements multiples et rythmés des cloches des troupeaux de vaches), brillance des altitudes, mais, en contraste, dégels et effondrements...
Tristan Murail / Partitions classique / Ensemble et orchestre / Conducteur / LEMOINE
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